Juillet 2023

Événements et actualités du secteur

En France

  • Interrogé par Ecofoot, Yohan Penel, président de la Fédération Française de Badminton, revient sur les travaux engagés par la FFBaD afin de développer et de mesurer l’impact social de la pratique du badminton. Dans cette interview, Yohan Penel explique que la fédération cherche à répondre à la question fondamentale de son utilité sociale et politique. La FFBaD travaille avec le Laboratoire E&MISE de l’ESSEC pour développer un référentiel de mesure d’impact de la pratique du badminton, afin d’objectiver les bénéfices sociaux et environnementaux de ce sport. 
  • Le 22 juin dernier s’est déroulée l’Assemblée générale de l’Avise. L’évaluation de l’impact des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) était au cœur des débats. Les structures de l’ESS ont de plus en plus recours à l’évaluation de l’impact social et environnemental mais il est difficile de standardiser l’évaluation en raison des différentes motivations et enjeux propres à chaque acteur. On y apprend que des programmes de formation et d’accompagnement collectif sont mis en place pour soutenir les entreprises de l’ESS dans leurs démarches d’évaluation. 

 

A l’international 

  • Fin mai, Social Value UK a réagi à la parution d’un nouveau projet de loi relatif aux marchés publics au Royaume-Uni. Celle-ci propose de passer de l’offre économiquement la plus avantageuse à l’offre la plus avantageuse, ouvrant la porte à la prise en compte d’autres enjeux. Parmi les recommandations formulées par Social Value UK figure celle de remplacer « public benefit » et « value for money » dans le projet de loi sur les marchés publics par le terme plus robuste de « social value » afin de garantir les meilleurs résultats pour les contribuables britanniques et la société dans son ensemble.
  • Better Evaluation publie un nouvel outil intitulé Outcomes Harvesting.  Contrairement à la plupart des approches d’évaluation, l’Outcome Harvesting ne mesure pas les progrès accomplis vers des objectifs ou des résultats prédéfinis, mais recueille plutôt des preuves de ce qui a changé et, en remontant le fil du temps, détermine si et comment une intervention a contribué à ces changements. Les résultats peuvent être positifs ou négatifs, voulus ou non, directs ou indirects, mais le lien entre l’intervention et les résultats doit être plausible.
  • Werner Schouten, directeur de l’Impact Economy Foundation (Pays-Bas) publie dans la revue de la Rotterdam School of Management un article intitulé “Why the CFO should become a Chief Value Officer. » Il y appelle à redéfinir la notion de valeur et mentionne notamment l’initiative Impact Weighted Account comme un modèle vers lequel tendre.
  • SoPact (Etats-Unis) a organisé le 13 juin un webinaire intitulé “Deriving impact from multiple data sources.” Après avoir dressé l’état des lieux des défis causés, l’organisation propose une solution pour centraliser ces différentes sources de données et en fluidifier le traitement. Le replay de la session est disponible en ligne. 
  • Social Value UK propose sa formation “Value & SROI practitioner » en ligne et en présentiel, avec un format de cinq rencontres sur deux semaines. Les prochaines sessions démarreront en juillet et septembre. 

 

Rapports d’impact

En France

  • ReSanté-Vous, spécialiste du soutien à l’autonomie et du changement de regard sur la vieillesse, a réalisé une évaluation de son impact social dans le cadre du programme Size Up, accompagné par Antropia ESSEC, le Labo E&MISE ESSEC et ATIS. Les résultats ont mis en évidence un impact global et durable de leurs actions, confirmant ainsi leurs domaines d’expertise. Dans leur dossier thématique, ils présentent les premiers résultats de cette mesure d’impact social, tandis qu’une interview touchante avec un cuisinier d’EHPAD souligne l’importance de trouver un sens valorisant dans le travail. Les projets inclusifs menés par ReSanté-Vous, tels que des rassemblements d’EHPAD et des initiatives sportives, illustrent l’interconnexion avec les acteurs locaux.
  • KLESIA a mis en place le programme Transportez-vous Bien, visant à améliorer la santé et la qualité de vie au travail des salariés du secteur du transport. Dans le cadre de la mesure d’impact social de ce projet, KLESIA a utilisé la plateforme digitale Impact Track et l’appui méthodologique du Laboratoire E&MISE de l’ESSEC pour évaluer les résultats du programme. Les données recueillies ont démontré que la consultation de prévention proposée aux salariés avait un impact significatif. Cette mesure d’impact a permis d’identifier des axes d’amélioration, tels que sensibiliser les médecins à la remise d’un bilan complet et encourager les salariés à partager ce bilan avec un professionnel de santé. 
  • En 2022, 8 structures d’intermédiation de l’engagement citoyen se fédèrent pour créer le Collectif des Acteurs de l’Engagement. Soutenu par la Fondation Bouygues Telecom, le Collectif a réalisé son évaluation d’impact social avec Koreis. Cet état des lieux révèle que 90% des volontaires qui s’engagent pour la première fois souhaitent continuer. Les volontaires se sentent plus utiles (84%), épanouis (68%) et acquièrent de nouvelles compétences (57%). Les associations voient leur impact augmenter grâce aux volontaires (57%) et les entreprises constatent des impacts positifs tels que la sensibilisation des participants (90%), l’épanouissement des collaborateurs (78%) et une meilleure attractivité (56%). Le Collectif des Acteurs de l’Engagement continuera à étudier cet élan tous les deux ans.

 

A l’international

 

  • Le J-PAL (Etats-Unis) partage une synthèse d’études conduites sur l’amélioration de la santé mentale dans les pays en développement. Parmi les résultats clés, on peut lire que si la psychothérapie s’est avérée efficace dans les pays à revenu élevé, il est nécessaire d’approfondir les recherches sur la manière d’adapter ces interventions aux pays à faible revenu ; que la technologie numérique semble prometteuse, mais n’est pour l’instant pas utilisée à grande échelle ; et que la collaboration des services de santé au sein d’une communauté est efficace.
  • Joshua Hyman, d’Amherst College (Etats-Unis) partage les résultats d’une étude randomisée conduite dans 62 lycées du Michigan et portant sur un dispositif d’aide à l’orientation de lycéens directement par des professeurs, à la place de conseillers dédiés dont la présence est rare dans les établissements. Le programme ne génère aucun effet sur le nombre d’étudiants entrant à l’université, mais est à l’origine d’une augmentation du nombre d’étudiants obtenant un diplôme, en particulier chez les étudiants à faibles revenus.
  • Catarina Castro, Carla Colaço, Clara Barata et Margarida Fonseca publient dans la revue de l’association portugaise de psychologie une étude portant sur un programme de prévention de la violence dans les relations amoureuses chez les élèves du secondaire, Hands Project. Il est constitué d’une brève intervention en classe qui cible les attitudes, les compétences personnelles et le rôle des témoins dans les situations de violence dans les relations amoureuses avec les jeunes. L’étude quasi-expérimentale conduite a mis en avant des résultats positifs et significatifs sur la diminution de la tolérance pour la violence physique envers les femmes dans le groupe d’intervention par rapport au groupe témoin.
  • Une coalition de chercheurs incluant le J-Pal a travaillé sur l’évaluation du programme ConnectEd, un programme de tutorat individuel par téléphone offrant à des élèves de primaire chaque semaine des problèmes de mathématiques par SMS ainsi qu’une séance de tutorat par téléphone de vingt minutes. L’étude a porté sur six pays (Inde, Kenya, Népal, Philippines, Botswana et Ouganda) pour lesquels les modalités de l’expérimentation ont varié. Les résultats montrent que la combinaison d’appels téléphoniques et de messages est la plus efficace, que le programme génère les mêmes résultats qu’il soit opéré par le gouvernement ou par des associations.

 

Publications

En France 

  • Michele Fioretti, assistant professeur en économie à Sciences Po, s’est entretenu avec Carenews sur son étude des stratégies des entreprises en matière de responsabilité sociale. Dans son article primé, il explore les motivations d’une entreprise internationale dans sa recherche d’impact social. Il souligne le défi de mesurer l’impact social de manière comparable entre les entreprises. Fioretti propose de mesurer l’impact social à travers le bien-être des parties prenantes, mais reconnaît les difficultés liées à la collecte de données. Selon ses recherches, les incitations des entreprises à avoir un impact social ne proviennent pas principalement des consommateurs, mais plutôt des avantages tels que l’amélioration de la productivité des travailleurs et des relations avec les fournisseurs. Il conclut en soulignant l’importance de mesurer l’impact social de manière continue plutôt que binaire, pour éviter le greenwashing et le social washing.
  • L’Avise a publié un article sur les nouveaux besoins sociaux engendrés par le numérique et comment les entreprises de l’économie sociale et solidaire y répondent. Pour évaluer l’impact de ces projets visant un numérique inclusif, il est crucial d’adopter une approche structurée et à long terme. Cet article propose des exemples de démarches et d’indicateurs pour évaluer l’impact de projets de l’ESS dans deux domaines clés : la réduction de la fracture numérique et l’accompagnement aux métiers du numérique. 
  • La Fédération des centres sociaux et socioculturels de Paris a partagé un rapport sur l’intérêt de l’évaluation d’impact social et en a profité pour partager les résultats de leur auto-évaluation. Ce rapport appuie sur la nécessité de l’évaluation d’impact social pour la réalisation de tels actions car elle permet de comprendre les effets directs et indirects d’une activité sur un territoire donné, de reprendre le contrôle du processus d’évaluation, de favoriser la concertation et la co-construction entre les acteurs publics et ceux de l’ESS. Pour les centres sociaux et socioculturels parisiens, une méthode spécifique a été développée, basée sur 5 grandes familles d’indicateurs. Cependant, des limites et des risques subsistent, notamment la nécessité d’une réelle implication de toutes les parties prenantes et la nécessité de prendre en compte la participation des habitants. 
  • La Fédération des centres sociaux et socioculturels de Paris a partagé un rapport sur l’intérêt de l’évaluation d’impact social et en a profité pour partager les résultats de leur auto-évaluation. Ce rapport appuie sur la nécessité de l’évaluation d’impact social pour la réalisation de tels actions car elle permet de comprendre les effets directs et indirects d’une activité sur un territoire donné, de reprendre le contrôle du processus d’évaluation, de favoriser la concertation et la co-construction entre les acteurs publics et ceux de l’ESS. Pour les centres sociaux et socioculturels parisiens, une méthode spécifique a été développée, basée sur 5 grandes familles d’indicateurs. Cependant, des limites et des risques subsistent, notamment la nécessité d’une réelle implication de toutes les parties prenantes et la nécessité de prendre en compte la participation des habitants. 
  • La 27e Région, une organisation spécialisée dans l’innovation publique, a partagé son retour d’expérience sur le déroulé de leur évaluation d’impact social, réalisée en collaboration avec Quadrant Conseil. L’objectif est de mieux comprendre et mesurer les effets de leurs actions, ainsi que pour concevoir de nouveaux programmes d’innovation plus efficaces. Cela leur a permis de tester des hypothèses sur leurs actions entreprises et d’améliorer continuellement leur modèle d’innovation. Ils en concluent que cela atteste de la nécessité de l’adoption d’une posture évaluative à tous les niveaux d’un projet. 

 

A l’international 

 

  • Dans un article publié dans la SSIR intitulé “Measuring narrative change: moving from theory to practice”, Brett Davidson plaide pour davantage d’efforts d’évaluation des “changements de récits” (narrative change). En effet, deux objections traditionnelles à la réalisation de tels travaux sont le fait qu’il s’agisse de démarches de très long terme, et que le changement soit difficilement attribuable aux activités d’un acteur dans ce sens. L’auteur suggère une approche de la mesure basée sur l’effet d’entraînement (ripple effect) : une organisation peut commencer par mesurer des changement de langages, de référentiels dans sa sphère directe, puis au fur et à mesure qu’elle ait plus de ressources à y dédier, élargir le périmètre de son évaluation. 
  • Le Center for Evaluation Innovation (Etats-Unis) a partagé un guide portant sur l’évaluation des actions de plaidoyer. Celui-ci a été construit à partir de la pratique existante d’acteurs à but non lucratif et  propose des recommandations sur les pratiques et les objectifs de ce type d’évaluation. 
  • EvalAcademy (Etats-Unis) propose un tutoriel pour fusionner plusieurs bases de données et les préparer pour l’analyse.
  • Katherine Ruff, de la Carleton University (Canada) a rédigé dans le The Oxford Handbook of Governance and Public Management for Social Policy paru en mai un chapitre intitulé “The Whys and Hows of Impact Measurement Standards” passant en revue la littérature portant sur ce sujet et décrivant la tension entre importance et difficulté de créer ces standards.

 

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Retrouvez tous les mois notre veille internationale sur l’évaluation d’impact social sur la page LinkedIn du Labo. Des questions ? Des propositions de contributions ou des solutions pour l’évaluation d’impact social ? Contactez-nous via leclerc@essec.edu 

Note de Veille rédigée par Clara Cohade, Gaspard Cherruault, sous la direction d’Elise Leclerc.