Nouveaux modèles économiques des associations
« Cours très bien construit et instructif, notamment grâce aux témoignages et aux synthèses qui se font intelligemment écho. »
Dans un contexte de besoins sociaux et environnementaux croissants en quantité et en complexité sur les territoires et de raréfaction des subventions publiques, comment hybrider toujours davantage le modèle économique de votre association pour rendre votre action pérenne et donc maximiser votre impact social dans le temps ?
La diversité des sources de financement, des ressources humaines et des partenariats est au cœur de l’originalité du modèle économique associatif. Identifiez les questionnements et étapes clés de la démarche d’hybridation du modèle économique d’une association pour pleinement réussir la transformation de votre modèle !
Acteur du changement : l’association porte un rôle social, politique et économique
Les associations sont des acteurs centraux de notre société tant en termes d’activité politique, qu’en termes d’activité économique : elles cristallisent des besoins et des attentes individuelles en les transformant en projets d’actions collectives avec une réelle expertise. C’est ainsi que la loi du 21 juillet 2014 reconnaît les associations comme des acteurs à part entière de l’économie sociale et solidaire, les associations représentent 80% des emplois de l’ESS. (1)
Cette place centrale dans notre société est aussi liée à une vitalité quantitative (2) : ainsi, plus d’associations ont été créées durant les 30 dernières années que depuis 1901. Et on compte aujourd’hui plus de 1,5 million d’associations « vivantes » (contre 1,3 million en 2011) ; 70 000 associations sont créées chaque année et le solde net de création est supérieur à 33 000 par an.
Malgré un statut juridique commun, les associations recouvrent des réalités multiples, par leur structuration, leurs activités, leurs missions… Il apparaît donc pertinent et même nécessaire d’utiliser l’analyse du modèle économique afin de mieux comprendre les dynamiques de ces structures singulières.
(2) « Le paysage associatif français – Mesures et évolutions”, 3ème édition, Dalloz Juris Associations, 2019
Spécificités du modèle économique des associations
Dans le milieu de l’entreprise, le modèle économique (ou « modèle d’affaires » ou encore « business model ») est au cœur de l’organisation puisqu’il décrit la structure des ressources (financières et humaines) et des coûts nécessaires à l’activité de l’organisation. Le modèle économique permet ainsi de représenter comment est créée la valeur, comment elle est capturée et comment elle est enfin partagée entre les différentes parties prenantes, internes et externes.
Mais alors, peut-on transposer ce modèle purement et simplement au secteur associatif ?
Ce n’est pas si simple : en effet, si les entreprises et les associations évoluent dans le même environnement général, l’action collective déployée par les associations dépend de l’engagement de chacun des citoyens et est liée voire tributaire de l’action publique, aux programmes publics et à la résolution d’enjeux sociétaux non pris en charge par les modèles «classiques» du monde de l’entreprise. Le social business model est ainsi plus approprié car il se construit en réponse aux besoins sociaux identifiés par l’association, et lui permet d’introduire la définition de son impact social et d’évaluation de l’impact.
Par ailleurs, l’association peut mobiliser des ressources humaines et financières bien plus diversifiées que les entreprises (subventions, revenus d’activité, cotisations, mécénat… ; bénévolat, salariat, service civique, mécénat de compétences…). Enfin, l’association jouit d’une réelle légitimité en tant qu’acteur de son territoire, pour nouer des partenariatsassociation entreprise ou participer à des alliances territoriales.
Pourquoi l’hybridation des modèles économiques associatifs est-elle capitale, en particulier dans le contexte actuel ?
On peut cerner plusieurs tendances de fond (1) depuis une dizaine d’années qui posent plus que jamais la question d’étudier le modèle économique des associations. On assiste à un effet-ciseaux entre l’intensification des besoins sociaux et environnementaux et la réduction des subventions publiques. Les financements publics changent en effet de nature en passant d’une logique de subvention à celle de commandes publiques s’adressant aussi bien aux associations qu’aux entreprises.
Ce sont ensuite les modèles de croissance et de structuration des activités qui changent : des logiques d’alliances et de regroupements se développent fortement et les frontières entre l’économique et le social deviennent de plus en plus poreuses, donnant naissance à des modèles économiques alternatifs comme l’entrepreneuriat social et à de nouveaux outils de financement. Même la législation témoigne de ces changements profonds, avec la création de l’agrément ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale) en 2014 et plus récemment avec l’adoption de la loi PACTE, qui permet aux entreprises «classiques» d’étendre leur objet social et crée les entreprises à mission. Ainsi, les associations n’auront plus forcément le «monopole» de l’utilité sociale comme but ultime des actions menées.
D’autre part, les richesses humaines, composante essentielle du modèle économique associatif, se transforment : le bénévolat passe d’une logique plutôt militante et sur le long terme, à des formes d’engagement plus ponctuelles, plus diversifiées pour chaque individu (2). L’emploi associatif, quant à lui, se professionnalise de plus en plus, ce qui crée des défis pour les dirigeants associatifs dans la gestion et l’articulation des différentes ressources mobilisées.
Ainsi, les associations font face à un triple défi, lié à leur place singulière dans la société : elles ont un besoin croissant de fonds propres, elles éprouvent aussi de plus en plus le besoin d’être accompagnées (notamment pour changer d’échelle) et, enfin, elles doivent faire la preuve de leur impact social dans le cadre des financements qui leur sont accordés. Ces enjeux attestent de la nécessité pour les dirigeants associatifs de réinterroger leur modèle économique et de réfléchir à ses évolutions possibles. C’est ce que vous propose ce MOOC.
(1) https://fonda.asso.fr/ressources/lavenir-des-modeles-socio-economiques-des-associations
(2) « La France Bénévole », Recherches et Solidarités, 2019
Au programme du MOOC
Episode 1 : Définitions des enjeux
Quelle est la place du secteur associatif aujourd’hui dans notre société, et en particulier pour répondre aux questions d’intérêt général ? De quoi parle-t-on quand on parle de modèle économique associatif ? Et enfin, quels sont les facteurs qui poussent de plus en plus les associations à transformer leur modèle économique ?
Episode 2 : Les leviers d’hybridation
Quels sont les 3 piliers de ce modèle ? Qu’y retrouve-t-on ? Quelle a été l’évolution ces dernières années ? Et, enfin, quels sont les différents enjeux liés aux choix faits en matière de ressources humaines, de sources de financement, ou encore à la construction d’alliances avec d’autres structures (associatives ou non) ?
Episode 3 : La méthodologie à adopter
Quels grands modèles peut-on dégager pour poser un premier cadre à la réflexion ? De quels outils dispose-t-on pour analyser son modèle économique ? Comment identifier les leviers d’évolution pertinents au sein du modèle économique pour assurer la pérennité du projet associatif ? Et enfin, comment procéder en pratique ?
Episode 4 : Se faire accompagner
Pourquoi se faire accompagner ? Quels sont les dispositifs d’accompagnement existants sur l’ensemble du territoire pour répondre aux besoins d’accompagnement et quel rôle les têtes de réseaux associatives peuvent-elles jouer ? Quels sont les enjeux et les points de vigilance à retenir lorsqu’on souhaite se faire accompagner ?