Veille mensuelle française et internationale de l’évaluation d’impact social n°41 – Actualités

Novembre 2025

 

Événements et actualités du secteur

En France

 

Le Centre Innovation Sociale et Écologique (CISE) de l’ESSEC a organisé le procès de la mesure d’impact social pour débattre de sa pertinence et de ses dérives. L’événement a mis en lumière deux chefs d’accusation : le coût humain et financier de la mesure, et son risque de devenir un outil de vassalisation imposé par les financeurs.

Les débats ont opposé la vision de la mesure comme outil de justification bureaucratique (éloignant de l’idéal associatif) à celle d’un levier d’apprentissage et de fierté pour les organisations. L’objectif était de trancher si l’évaluation d’impact est coupable de trahir sa promesse ou si elle traverse une simple « adolescence difficile ». Rendez-vous dans la veille du mois prochain pour le partage du replay et du verdict du jury ! 

 

La conférence s’adressait spécifiquement aux porteurs de projets qui explorent la thématique des coûts évités. Elle visait à la fois à rappeler les méthodologies associées et à souligner son intérêt majeur pour prouver l’efficience des initiatives sociales auprès des financeurs. Toutefois, elle a également mis en lumière les limites de cet outil, notamment en matière de comparaison inter-projets et de mesure de l’impact vécu par les bénéficiaires, rappelant la nécessité d’intégrer des indicateurs d’impact complémentaires. La conférence a été introduite à travers la notion de l’activité contributive, soit ce que chacun apporte à la société sans rétribution, et dont le poids économique invisible est estimé à 68 % du PIB. 

 

Dans le cadre du Mois de l’Économie Sociale et Solidaire, La Ruche Saint-Nazaire a organisé un atelier d’initiation à la mesure d’impact, destiné aux associations et entreprises du territoire. L’objectif : (re)découvrir ce qu’est la mesure d’impact, comprendre comment l’articuler aux enjeux de sa structure et identifier les premières étapes pour intégrer cette démarche dans la stratégie et le pilotage de projet.

 

Organisé par la Chambre Régionale de l’ESS Île-de-France dans le cadre de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets, ce webinaire s’est adressé aux professionnels de la filière textile, et plus particulièrement aux acteurs de l’économie sociale et solidaire de ce secteur. La session a visé à outiller les structures sur deux axes : la compréhension des enjeux stratégiques de l’évaluation et la prise en main d’outils opérationnels.

 

A l’international

 

Ce billet de recherche explore le concept de « Social Licence to Operate » (SLO) ou acceptabilité sociale. S’appuyant sur les travaux de référence de F. Vanclay (Handbook of Social Impact Assessment 2024), les auteurs distinguent l’évaluation d’impact réglementaire (souvent statique et ex-ante) du SLO, qui exige un suivi continu de la confiance des communautés, c’est-à-dire leur sentiment d’être écoutées et leur conviction que le projet leur apportera des bénéfices réels et durables. L’article propose des pistes pour intégrer des paramètres de « durabilité sociale » (équité procédurale, relations communautaires) dans le pilotage des grands projets de développement.

 

Rapports d’impact

En France

 

La Fondation FACE publie son rapport 2024, qui se distingue cette année par une évaluation spécifique des effets du mécénat de compétences, réalisée par un cabinet externe. L’étude objective la « double transformation » générée par l’engagement : pour les collaborateurs, elle agit comme un levier de sens (98 % exprimant un sentiment de fierté) et de développement de compétences psychosociales. Sur le plan sociétal, le rapport mesure un changement de représentation significatif : 77 % des salariés engagés déclarent avoir fait évoluer leur regard sur les publics vulnérables (personnes sous main de justice, en situation de handicap), validant le mécénat comme un vecteur concret de cohésion sociale et de lutte contre les stéréotypes.

 

Le Service Civique Solidarité Seniors rend public son 5ᵉ rapport d’évaluation d’impact social, portant sur la période 2024-2025. L’étude montre que le programme contribue à réduire l’isolement des personnes âgées et à renforcer le lien intergénérationnel, tout en offrant aux jeunes volontaires un cadre d’engagement structurant. Le rapport documente les effets sur le bien-être des seniors et sur les trajectoires des jeunes (compétences, insertion, orientation).

 

La Fondation du Groupe ADP présente les premiers résultats d’une expérimentation visant à doter ses associations partenaires d’un référentiel commun de mesure d’impact. Co-construit avec les acteurs de terrain, cet outil cible spécifiquement les enjeux d’éducation et de prévention du décrochage scolaire (de la maternelle au lycée). Il structure l’évaluation autour de quatre effets clés : la confiance en soi, l’expression, l’envie d’apprendre et l’accrochage scolaire. La démarche vise à harmoniser la collecte de données pour mieux objectiver la contribution collective des projets soutenus par la Fondation sur ces thématiques éducatives.

 

A l’international

 

La banque de développement SIFEM publie son rapport d’impact 2025, qui présente les résultats obtenus via ses investissements dans des fonds et institutions financières dans les pays émergents. Le document détaille les contributions en termes d’emplois, de renforcement des PME et de finance inclusive, avec des études de cas – notamment un programme d’inclusion économique des femmes – mobilisant des indicateurs quantitatifs et qualitatifs d’impact.

 

Alstom a publié un rapport dédié à ses activités sud-africaines. L’analyse relève ici de l’étude d’empreinte socio-économique (footprint) plus que de l’évaluation d’impact social (changement vécu en réponse à un besoin social). Le document quantifie les flux injectés dans l’économie locale (achats inclusifs, contribution au PIB) et les emplois soutenus (directs, indirects et induits). Une publication utile pour distinguer les métriques d’ancrage territorial industriel des indicateurs d’utilité sociale.

 

Le RSNO diffuse son évaluation réalisée par le cabinet spécialisé BiGGAR Economics. L’étude se distingue par sa méthodologie duale : elle cumule une analyse d’empreinte économique classique (Gross Value Added, tourisme) et une monétisation de la valeur sociale (bien-être des publics, évalué à 11,6 M£). Cette approche permet de construire un ratio de retour sur investissement public global (£1 investi = £6,90 de valeur socio-économique générée), illustrant la tendance à la financiarisation des indicateurs extra-financiers dans le secteur culturel anglo-saxon.

 

Publications

En France 

 

La Lettre ADEME Stratégie n°74 détaille la mécanique de la méthodologie ACT (Assessing Low-Carbon Transition), conçue pour évaluer l’alignement des stratégies d’entreprises avec l’Accord de Paris. Le document explicite le système de notation tripartite utilisé pour juger la crédibilité des plans de transition : une note de performance (de 0 à 20), une note narrative (de A à E) et une note de tendance (+/=/-). Au-delà des simples objectifs de réduction d’émissions, ACT analyse des indicateurs mixtes tels que la trajectoire carbone passée, les investissements immatériels et matériels engagés (ex: R&D bas carbone), la gouvernance climatique ou encore l’engagement de la chaîne de valeur. Le numéro souligne également l’élargissement du périmètre méthodologique aux enjeux d’adaptation (risques physiques) et sa forte convergence avec les normes européennes (83 % des données de la CSRD/ESRS E1 sont couvertes par ACT Pas-à-Pas).

 

A l’international 

 

Alors que les investisseurs et les consommateurs réclament désormais des résultats concrets, le Dr Hannah Schragmann (Impact Hero) publie un guide méthodologique visant à aider les entreprises à opérationnaliser leur mesure d’impact. L’article propose une approche structurée en cinq étapes pour dépasser le simple reporting RSE : la définition d’objectifs précis ancrés dans le cœur de métier, l’hybridation des indicateurs (standards IRIS+, SROI et feedback qualitatif), la vérification rigoureuse des données par des tiers et une transparence radicale incluant le partage des échecs. 

 

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Retrouvez tous les mois notre veille internationale sur l’évaluation d’impact social sur la page LinkedIn du Labo. Des questions ? Des propositions de contributions ou des solutions pour l’évaluation d’impact social ? Contactez-nous via leclerc@essec.edu 

 

Note de Veille rédigée par Bolar NGAGOM, avec Lucie Mahé, Valentine Clerc et sous la direction d’Elise Leclerc.